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La Foi Bahá'ie : antidote au poison de la haine et du fanatisme religieux ?

"Établissez la religion, et n'en faites pas un sujet de divisions" (Coran > Q:42/13).


Nul n'ignore plus les actes terribles qui sont commis par certains individus au nom de leur religion et qui sont basés sur ce qu'ils lisent dans leurs textes sacrés. Ces actes heurtent nos convictions et notre sensibilité d'hommes modernes, mais nous n'arrivons pas à combattre l'idéologie propagée par ces personnes car nous refusons obstinément d'en voir clairement l'origine : le fanatisme et le radicalisme religieux d'une certaine vision de l'Islam.

En effet, certains érudits mahométans sont parvenus à radicaliser une jeunesse déboussolée, ignorante et frustrée en lui faisant miroiter un idéal enthousiasmant et glorieux, avec à la clé le butin en ce monde et le paradis dans l'autre.

Cette vision considère que la seule religion acceptée par Allâh ("le Dieu") est l'islam (Q:3/19, 85), enseigné aussi par Moïse et Jésus, qui étaient des "musulmans" ainsi que leurs disciples (Q:10/84, Q:3/52). Mais comment cela est-il possible puisqu'ils n'ont jamais connu Mahomet, ni lu son Livre, ni appliquer sa Loi ?

Pour comprendre, il faut revenir à l'étymologie des mots "islam" et "musulman". Ils sont la francisation de termes arabes formés à partir de la racine trilitère S.L.M., d'où dérivent le verbe aSLaMa [se confier, se soumettre, se résigner (à la volonté de Dieu)], ainsi que les mots SaLaM [paix], iSLaM [soumission (à la volonté de Dieu)] et muSLiM [soumis (à Dieu), au pluriel muSLiMin].

On peut lire dans le Coran (al-Qur'ân : la récitation) que chaque communauté a reçu un Messager (Q:16/36) pour lui enseigner l'islam et lui donner un culte à suivre (Q:22/67). Ainsi, selon le Coran, Moïse et Jésus enseignèrent la religion de la "soumission à la volonté divine" (islam) et étaient "soumis à Dieu" (muslimin / "musulmans"), ainsi que leurs disciples. Il devient alors évident qu'être "muslimin / musulman" n'est pas équivalent à être "mahométan" (adepte de la religion fondée par Mahomet) : être "soumis à Dieu" est un état d'esprit, tandis qu'être israélite, chrétien ou mahométan marque l'appartenance à une communauté représentant une des diverses formes historiques d'une religion unique de la "soumission à la volonté divine". Un célèbre hadîth (paroles attribuées à Mahomet) indique que tous les êtres humains naissent "soumis à Dieu" et qu'ensuite leurs parents en font des idolâtres, des israélites ou des chrétiens … et j'ajoute des mahométans !

Cette version de la religion unique, prêchée par Mahomet, a mis des siècles pour s'édifier sur les bases du Coran et de la Sunnah (compilation des paroles et des actes de Mahomet), et a donné naissance à divers schismes et écoles. Celle adoptée par l'un de ses courant est un islam des "anciens" (salaf), la forme la plus conservatrice, la plus rigoriste et la plus littéraliste du Sunnisme.

Le Coran est pour les adeptes de ce courant un "verbatim" de la Parole de Dieu transmise à Mahomet par l’Ange Gabriel (Q:2/97) et protégé contre toute altération par Dieu Lui-même (Q:15/9). Ils le considèrent comme "incréé", éternel, universel, parfait, complet (Q:16/89), et à prendre en bloc. On ne peut pas en accepter une partie et en rejeter une autre (Q:2/85), que le message soit clair ou ambigu (Q:3/7) : s'il est clair, il faut l'appliquer et s'il est ambigu, il faut y croire sans chercher à l'interpréter. Pour eux, Mahomet est le "Beau Modèle", l’exemple à suivre par tous les mahométans (Q:33/21, Q:68/4), qui lui doivent obéissance (Q:4/59). C’est un "Coran qui marche" selon les dires de son épouse Aïcha.

J’ai fréquenté durant des années les sites de discussions islamiques, où j'ai interrogé les mahométans sur la place de leur religion dans le monde moderne en posant inlassablement cette question : "Qui peut légitimement interdire ce qui est autorisé par le Coran ou la Sunnah ?"

Comme, par exemple, la guerre "sainte" (Q:9/5, 29, 111) et son butin (Q:8/41), l’esclavage et la polygamie (Q:4/3), le mariage de filles impubères (Q:33/49, Q:65/4), la discrimination selon le sexe ou la croyance ou le statut social (Q:2/221, Q:4/25, Q:5/5), la loi du talion (Q:2/178, Q:5/45), la flagellation des fornicateurs (Q:24/2) et la lapidation des adultères (sunnah), l’amputation des voleurs (Q:5/38), la mise à mort des apostats (sunnah), la taxe (jiziah) que doivent payer les "gens du Livre" (ahl al-kitâb) pour leur "protection" (dhimma) (Q:9/29), la dissimulation (taqiya) et la tromperie (Q:3/28), la haine et le rejet envers tout ce qui est considéré comme mécréant (takfîr = excommunication, al-wala' wa al-bara' = loyauté et désaveu) (Q:5/51, Q:9/23, Q:60/4) ou comme impur (Q:6/145, Q:9/28) ...

Le silence fut la réponse habituelle, mais j'ai classé les autres en quatre catégories par ordre de fréquence décroissante :

Première réponse : Il n'y a que Dieu et Son Messager qui peuvent légitimement agir de la sorte. En conséquence, toute tentative de remise en cause, la plus minime soit-elle, sera perçue comme une atteinte intolérable à l'islam.

Seconde réponse : Le calife peut temporairement SUSPENDRE (et non pas définitivement abolir) l’application d’une loi pour raison de nécessité ou de justice, selon l’exemple du troisième calife Omar suspendant la sanction de l’amputation en période de famine. C’est le modèle du moratoire sur la lapidation prôné par Tariq Ramadan. Mais le califat a cessé d’exister en 1924 ...

Troisième réponse : Le concept de la "charia de minorité", proposé aux mahométans vivant hors des pays islamiques par Tareq Oubrou en se basant sur l’exemple de Mahomet, qui fit preuve de "modération" quand il n’était pas en mesure d’imposer ses vues. Pour tout ce qui ne touche pas au culte proprement-dit, il leur préconise de se conformer aux lois du pays où ils vivent. C’est une sorte de "laïcité". Mais en sera-t-il toujours de même quand les mahométans seront majoritaires, ou les plus forts, et le pays devenu "terre d’islam" ?

Quatrième réponse : certaines lois ne sont plus en accord avec les besoins et les nécessités de notre époque et doivent être abandonnées. C’est la théorie des "deux messages" de l’islam prônée par Mahmoud Mohammed Taha : un message mecquois spirituel et éternel, et un autre message médinois politique et contextuel. Ceux qui soutiennent cette idée risquent d’être accusés d’apostasie et d’être "mis à mort" socialement, voire même physiquement. C'est ainsi que Mahmoud Mohammed Taha fut pendu pour apostasie au Soudan.

On peut s'opposer par la raison, la loi ou la force au courant religieux en question, mais comment surmonter l'obstacle de l'autorité transcendante qui l'anime ? Comment faire pour que les mahométans abandonnent les pratiques ancestrales, qui ne sont plus en phase avec notre société, sans pour autant éprouver un sentiment d'apostasie ?

"La haine et le fanatisme religieux sont un feu dévorant dont nul ne saurait étouffer la violence. Seule, la main du pouvoir divin peut délivrer l'Humanité des ravages qu'il exerce." (Florilège des écrits de Bahá'u'lláh : 132/2)

Bahá'u'lláh (1817-1892) est le Fondateur de la Foi Bahá'ie, la plus récente des religions monothéistes de la lignée abrahamique. Il reçut la révélation de sa mission prophétique dans un cachot de Téhéran en 1852. Il fut ensuite exilé de prison en prison à travers tout le Moyen-Orient, de Téhéran à Bagdad (1853-1863), puis à Constantinople (1863), à Andrinople (1863-1868) et finalement à Saint-Jean-d'Acre, en Terre Sainte, jusqu'à sa mort (1868-1892).

Durant les quarante années de son exil contraint et forcé, il ne cessa d'écrire aux autorités politiques et religieuses de son temps pour leur annoncer son Message : il déclare qu'il est le "Retour du Messie" attendu par les chrétiens et les mahométans, et qu'il est envoyé pour guider l'Humanité à traverser une période de bouleversements complets de son organisation, annoncée dans les Livres Saints comme le "Jour de la Résurrection et du Jugement" (yawm al-qiyamah). Tout comme Jean-Baptiste fut le héraut de Jésus, Bahá'u'lláh eut aussi le sien, surnommé Le Báb (1819-1850), qui revendiqua être le Mahdi attendu par les mahométans à la "Fin des Temps".

Le Coran contient des versets clairs, qui en constituent le fondement, et des versets équivoques, dont l'explication (bayân, bayyina = preuve) relève de Dieu seul (Q:3/7, Q:75/16-19). Le Bayân (explication) est le titre d'une œuvre maîtresse du Báb, complétée par le Kitâb-i-Îqân (le Livre de la Certitude) de Bahá'u'lláh. Ces ouvrages sont considérés par leur auteur comme une Révélation divine et fournissent les clés d'interprétation des symboles et des métaphores utilisés dans la Bible et le Coran, donnant ainsi une toute nouvelle compréhension de l'eschatologie monothéiste.

Bahá'u'lláh corrige certaines interprétations erronées des érudits mahométans, comme à propos de la crucifixion de Jésus, de la corruption de la Bible, de la fin du processus de la Révélation divine après Mahomet et de la lecture littérale de ce qui est écrit dans la Bible ou le Coran à propos de la "Fin des Temps". Il enseigne que le Jour du Jugement et de la Résurrection n'est pas la destruction physique de notre univers, suivie de la création physique d'un nouveau monde dont hériteront les justes (Q:10/4, Q:21/104-105), mais la transition entre deux cycles du développement de l'Humanité : un ancien cycle, d'Adam à Mahomet, correspondant à son "enfance" et un nouveau cycle inauguré par Bahá'u'lláh, au cours duquel elle connaîtra sa pleine maturité dans les âges à venir. Un hadîth célèbre fait de Mahomet la "dernière brique" posée à l'édifice de la religion, mais rien n'empêche Dieu de construire à côté une nouvelle maison, et même toute une ville, car Sa Révélation est inépuisable ! (Q:31/27-28)

Pour comprendre à quel point notre monde a changé depuis deux siècles, essayez d'imaginer tout ce qui nous entoure et qui n'existait pas à l'époque de Mahomet !

Dans ses Écrits, Bahá'u'lláh confirme la transcendance absolue et l'unicité de Dieu, ainsi que l'origine divine commune des religions antérieures, expliquant leurs apparentes différences par le fait qu'elles sont constituées d'une partie spirituelle immuable et d'une partie sociale modifiée selon les nécessités du temps et du lieu. Il reprend les fondements cultuels (foi, prière, jeûne, aumône et pèlerinage) sous une forme adaptée au monde moderne. Tout en formulant des conseils pour la gestion des sociétés, il remet le pouvoir temporel entre les mains des autorités laïques légitimes. Il enjoint ses disciples de se montrer obéissants et loyaux envers elles, de respecter les lois du pays où ils vivent, de ne pas y semer de troubles et de se tenir à l'écart des partis politiques. Et pour la première fois dans l'histoire religieuse de l'Humanité, il indique sans aucune ambiguïté la nature et les fonctions de ses successeurs à la tête de la communauté.

Bahá'u'lláh reprend donc les quatre types de réponses à la question de savoir qui peut légitimement interdire ce qui est autorisé par le Coran ou la Sunnah. C'est avec l'autorité transcendante d'un Prophète qu'il explique le sens des Écrits Saints et décide de leur mise en pratique selon l'esprit, et non pas selon la lettre. Il approuve le concept de laïcité et celui du double message spirituel et temporel des religions. Il laisse à ses successeurs toute latitude pour décider où, quand et comment s'appliqueront ses lois.

Quel rapport peut-il y avoir entre les revendications de Bahá'u'lláh et ce que la Tradition islamique rapporte sur le retour du Messie, Jésus fils de Marie, que le Coran décrit comme Messager (rasûl'u'llâh), Parole (kalimat'u'llâh) et Esprit (rûh'u'llâh) de Dieu (Q:4/171) ? L'imam Jalâluddîn as-Suyûtî (1445-1505) rédigea un ouvrage sur le Retour de Jésus à la Fin des Temps selon la Tradition musulmane, dans lequel on peut lire que :

* Le Mahdi apparaîtra avant le Messie et rétablira la Justice sur Terre.

* Le Messie reviendra ensuite du Ciel, priera derrière le Mahdi, approuvera ses décisions.

* Il recevra une Révélation de Dieu (wahy) et sera un "signe de l'Heure" (Q:43/61).

* Il apparaîtra au Machrek (Bilad al Shâm) et vaincra l'Antéchrist en Terre Sainte.

* Il assurera le triomphe de l'islam, sera un guide pour la communauté, fera disparaître la taxe de capitation, tuera le porc, brisera la croix et mettra fin à l'aumône.

* Il se mariera, aura des enfants et restera sur terre 40 ans avant de mourir.

En 1844, le Báb déclare être le Mahdi attendu. Bahá'u'lláh devient son disciple et l'un des chefs de la Communauté bábie. Après le martyre du Báb, fusillé à Tabriz en 1850, Bahá'u'lláh est persécuté et finalement emprisonné en 1852 dans un cachot souterrain de Téhéran, où il vit une expérience mystique lui faisant prendre conscience de sa Mission. Il est ensuite exilé à Bagdad, où il déclare publiquement cette Mission en 1863. Ses exils successifs le conduisent finalement en Terre Sainte, où il vainc la rébellion religieuse fomentée par son demi-frère. Sa vie messianique dure quarante ans (1852-1892) et son fils aîné 'Abdu'l-Bahá devient son successeur à la tête de la Communauté bahá'ie après son décès.

Ce qu'enseigne Bahá'u'lláh n'est véritablement rien d'autre que l'éternelle religion de la "soumission à la volonté divine" sous une forme adaptée à notre monde moderne. Bahá'u'lláh interdit la guerre "sainte" (jihad bis-sayf), abolit l'impureté rituelle (najès) et met fin aux punitions barbares (hudûd), car cela ne correspond plus, d'après lui, au degré de développement de la société humaine. En interdisant la guerre "sainte", il supprime la taxe de capitation (jiziah), qui en est un corollaire (Q:9/29); en abolissant l'impureté rituelle, il "tue le porc" qui en est le symbole (Q:6/145); et en mettant fin aux punitions prescrites dans le Coran et la Sunnah (hudûd), il "brise la croix" qui les représente (Q:5/33). Il interdit de mendier ou de faire l'aumône et élève le travail au rang d'un acte d'adoration.

L'Appel de Bahá'u'lláh aux chefs religieux, pour une réforme de "l'islam éternel" conforme à notre temps, invite à réfléchir et à agir pour devenir les "bon serviteurs" qui hériteront de la Terre (Q:21/104-105), "les ministres d'une nouvelle Alliance, non de la lettre, mais de l'esprit; car la lettre tue, mais l'esprit vivifie." (2 Corinthiens : 3/6). Son interprétation des Écritures saintes antérieures, renouvelant la vision eschatologique classique et revendiquant une autorité transcendante au moins égale à celle des Prophètes du passé, brise le cadenas de la tradition et libère des chaînes de la haine et du fanatisme religieux.

Quel est donc le but de la religion selon Bahá'u'lláh ? Voici ce qu'il en écrit :

"Le Grand Être dit : O vous enfants des hommes ! L'objet fondamental de la foi de Dieu et de Sa religion est de sauvegarder les intérêts de la race humaine, d'établir son unité et de développer entre les hommes l'esprit d'amour et de fraternité. Ne souffrez pas que cette foi devienne, parmi vous, une source de trouble et de discorde, de haine et d'inimitié. Tel est le droit chemin que vous devez suivre, la fondation immuable sur laquelle vous devez bâtir. Tout ce que vous édifierez sur de tels fondements, les chances et les vicissitudes de ce monde n'en pourront entamer la résistance, ni le cours des siècles innombrables en miner la structure. Notre espoir est que les chefs des religions du monde et tous leurs dirigeants s'unissent pour travailler à la réforme de cet âge et au relèvement de ses destinées; après avoir attentivement étudié les besoins du monde, qu'ils se consultent et, par une mûre et soigneuse délibération, qu'ils administrent à ce monde malade et cruellement affligé le remède que demande son état... Il incombe à ceux qui détiennent l'autorité de rester modérés en toutes choses. Tout ce qui sort des bornes de la modération cesse d'exercer une influence bienfaisante."  (extrait d'une lettre adressée à Mírzá Maqúd, dans les Florilèges des Écrits de Bahá'u'lláh : 110/1).

"L'intention du seul vrai Dieu (exaltée sois Sa gloire !) en se révélant aux hommes est de mettre au jour les perles enfouies dans la mine de leur être intime et essentiel. L'essence de la foi de Dieu et de Sa religion réside, en ce jour, dans le principe que la diversité des confessions et croyances religieuses ne doit être à aucun prix, parmi les hommes, une cause de discorde. Ces règles et observances, ces puissants systèmes religieux si fermement établis, procèdent d'une même Source et sont les rayons d'une seule Lumière. Le fait qu'ils diffèrent doit être tout entier rapporté à la diversité des besoins que présentaient les âges où ils furent promulgués. (…) La haine et le fanatisme religieux sont un feu dévorant dont nul ne saurait étouffer la violence. Seule, la main du pouvoir divin peut délivrer l'Humanité des ravages qu'il exerce. La Parole de Dieu est une lampe dont la lumière tient dans ces mots : Vous êtes les fruits d'un même arbre, les feuilles d'une même branche. Que vos relations avec vos semblables soient toujours empreintes d'amour et d'harmonie, de l'esprit le plus amical et le plus fraternel." (extrait de Law-i-Shaykh, dans les Florilèges des Écrits de Bahá'u'lláh : 132/1-3)

Et que signifie selon Baha'u'llah "porter assistance à Dieu" et "lutter dans la voie de Dieu" (jihad fi sabil Allah) ? Voici ce qu'il écrit dans une lettre adressée à Náṣiri'd-Dín-Sháh Qájár :

Il est Dieu. Que sa gloire soit exaltée !

Il est clair et évident que le seul vrai Dieu - glorifiée soit sa mention ! - est sanctifié au-delà du monde et de tout ce qu'il contient. Par "porter assistance à Dieu" nous n'entendons pas qu'une âme doive se battre ou en affronter une autre. Le souverain Seigneur, qui fait ce qui lui plaît, a confié le royaume de la création, ses terres et ses mers, aux mains des rois qui sont, selon ce qu'il a décrété, les manifestations de son pouvoir divin. S'ils s'abritent à l'ombre du Véridique, ils seront considérés comme du parti de Dieu ; sinon, ton Seigneur sait vraiment et remarque tout.

Ce que Dieu - que son nom soit glorifié - désire pour lui-même, c'est le coeur de ses serviteurs, qui sont les trésors de son amour et de son souvenir ainsi que les châsses de sa connaissance et de sa sagesse. C'est le voeu permanent du Roi éternel de libérer le coeur de ses serviteurs des choses de ce monde et de tout ce qui en dépend afin qu'ils deviennent les dignes bénéficiaires de la splendeur de celui qui est le Roi de tous les noms et de tous les attributs. Ainsi, aucun étranger ne doit être admis dans la cité du coeur afin que l'Ami incomparable puisse entrer dans son foyer. Par là on entend la splendeur de ses noms et de ses attributs, non pas son essence exaltée car ce Roi incomparable a toujours été et sera toujours sanctifié de l'élévation et de l'abaissement.

Il s'ensuit que l'expression "porter assistance à Dieu" ne signifie pas, en ce jour, affronter quelqu'un ou entrer en conflit avec lui. Loin de là ! ce qui est préférable aux yeux de Dieu, c'est que les cités du coeur des hommes, qui sont dirigées par les armées de l'égoïsme et de la passion, soient soumises par l'épée de la parole, de la sagesse et de la compréhension. Ainsi, quiconque cherche à aider Dieu doit, avant toute chose, conquérir par l'épée du sens spirituel et de l'explication, la cité de son propre coeur, la protéger du souvenir de tout sauf Dieu et ensuite seulement partir à la conquête des cités du coeur des autres.

C'est cela le vrai sens de l'expression "porter assistance à Dieu". La sédition n'a jamais plu à Dieu, pas plus qu'il n'accepta les actes commis dans le passé par certains sots. Sache qu'être tué dans la voie de son bon plaisir vaut mieux pour toi que tuer. En ce jour, les bien-aimés du Seigneur doivent se conduire parmi ses serviteurs, en sorte que leurs actes guident les hommes vers le paradis du Très-Glorieux.

Par celui qui brille à l'orient de sainteté ! Les amis de Dieu ne placent pas et ne placeront jamais leurs espoirs dans le monde et dans ses possessions éphémères. Le seul vrai Dieu a toujours considéré que le coeur des hommes lui appartient d'une manière exclusive. C'est aussi une expression de sa miséricorde qui surpasse tout, afin qu'ainsi les âmes mortelles soient épurées et sanctifiées de tout ce qui appartient au monde de poussière et entrent aux royaumes d'éternité. Sinon, ce Roi idéal, en lui-même et par lui-même, se suffit à lui-même et est indépendant de tout. L'amour de ses créatures ne saurait lui profiter et leur malveillance ne saurait lui nuire. Tous viennent de la poussière, tous retourneront à la poussière cependant que le vrai Dieu, le seul et l'unique, est établi sur son trône, un trône qui est au-delà du temps et de l'espace, sanctifié au-delà de toute parole ou expression, allusion, description et définition, exalté au-delà de toute notion d'abaissement et de glorification. Cela nul ne le sait sauf lui et ceux qui ont la connaissance du Livre. Il n'est de Dieu que lui, le Tout-Puissant, le Bienfaisant. (extrait de S
úriy-i-Haykal, paragraphes 210-214 de "L'Appel du Seigneur des Armées.)


BIBLIOGRAPHIE






Texte rédigé par Éric Bernard COFFINET en 2017 à l'occasion du bicentenaire de la naissance de Bahá'u'lláh
( 12 novembre 1817 à Téhéran / 2 muḥarram 1233 de l'Hégire)