REFERENCE 48
Leçons de Saint-Jean-d'Acre p 53-55 : Commentaires du chapitre XI des révélations de saint Jean
(53) Au chapitre XI, verset 1 des révélations de saint Jean, il est dit, "Alors on me donna un roseau semblable à un bâton à mesurer, et l'ange s'étant présenté me dit : Lève-toi et mesure le temple de Dieu et l'autel, et ceux qui y adorent. Mais laisse le parvis qui est hors du temple, et ne le mesure point car il et abandonné aux gentils, et ils fouleront aux pieds la sainte cité pendant quarante-deux mois".
Ce roseau représente ici le symbole d'un homme parfait, et la portée de cette comparaison est la suivante : lorsque l'intérieur d'un roseau est vidé, et qu'il est débarrassé de tout ce qu'il contenait, on peut obtenir de merveilleuses mélodies. Et de même que le chant et le son ne viennent pas du roseau, que la musique vient véritablement du joueur de flûte qui souffle dedans, de même cette personne bénie a le cœur saint, libre, et vide de tout ce qui n'est pas Dieu, purifié et affranchi de toutes conditions humaines, et elle n'est que la compagne de l'Esprit divin. Ses paroles ne viennent pas d'elle-même mais bien du véritable joueur de flûte, et sont une inspiration divine. Voilà pourquoi il le compare à un roseau. Et ce roseau est comme un bâton, c'est-à-dire qu'il est le secours des faibles, et le soutien des êtres contingents; c'est le bâton du divin berger, à l'aide duquel il fait paître son troupeau, et le conduit dans les prairies du royaume.
Puis : "L'ange se présenta et me dit : Lève-toi et mesure le temple de Dieu et l'autel, et ceux qui y adorent"; c'est-à-dire compare et mesure; mesurer, c'est trouver la quantité. (54) Donc l'ange dit : compare le Saint des saints, et l'autel et ceux qui sont en train d'y prier, c'est-à-dire découvre quelle est leur véritable condition, sache à quel degré et en quelle situation ils sont, et quels sont leur état, leurs perfections, leur conduite, leurs qualités; apprends les secrets de ces saintes âmes qui ont leur place au Saint des saints, dans l'état de pureté et de sainteté.
"Mais laisse le parvis qui est hors du temple et ne le mesure point, car il est abandonné aux gentils". Au début du VIIème siècle de l'ère chrétienne, lorsque Jérusalem fut conquise, le Saint des saints fut en apparence préservé, c'est-à-dire le temple que Salomon avait construit; mais en dehors du Saint des saints, le parvis extérieur fut pris et donné aux gentils.
"Et ils fouleront aux pieds la sainte cité pendant quarante-deux mois", c'est-à-dire que les gentils gouverneront et dirigeront Jérusalem pendant quarante-deux mois équivalant à douze cent soixante jours; et comme chaque jour équivaut à une année, par ce compte, cela fait douze cent soixante ans, qui est la durée du cycle coranique. Car, dans le livre saint, chaque jour équivaut à une année, ainsi qu'il est dit au chapitre IV, verset 6 d'Ezéchiel. "Et tu porteras l'iniquité de la maison de Juda pendant quarante jours : je t'ai assigné chaque jour pour une année". Cela prophétise la durée de la Dispensation de l'islám, lorsque Jérusalem fut foulée aux pieds, ce qui signifie que sa gloire lui fut enlevée (mais le Saint des saints fut préservé, gardé et respecté) jusqu'en 1260.
Cette prophétie sur ces douze cent soixante ans s'applique à la manifestation de l'Altesse Suprême, le Báb, la "Porte” de Bahá'u'lláh, qui eut lieu en 1260 de l'hégire de Muhammad. Et comme la durée des douze cent soixante années est terminée aujourd'hui, Jérusalem, la Ville sainte, est en train de redevenir prospère peuplée et florissante. Tous ceux qui ont vu Jérusalem il y a soixante ans et qui la voient maintenant reconnaissent combien elle est devenue de nouveau peuplée, florissante et respectée.
(55) Telle est la signification apparente des versets des révélations de saint Jean; mais ces versets ont une autre interprétation et une signification symbolique qui est la suivante. La loi de Dieu comprend deux parties : l'une, fondamentale, est spirituelle; c'est-à-dire a trait aux vertus spirituelles et aux qualités divines et n'a ni changement ni modification : c'est le Saint des saints, qui est l'essence de la loi d'Adam, de Noé, d'Abraham, de Moïse, du Christ, de Muhammad, du Báb et de Bahá'u'lláh; elle dure et elle est établie dans tous les cycles prophétiques. Jamais elle ne sera abrogée, car c'est la certitude, la justice, la piété, la droiture, la confiance méritée, l'amour de Dieu, la bienveillance, la générosité pour les pauvres, la protection des opprimés, les dons aux malheureux, la main tendue à ceux qui sont tombés, la pureté, le détachement, l'humilité, la douceur, la patience, la constance. Ces qualités divines, ces commandements éternels ne seront jamais abrogés mais dureront et seront établis pour l'éternité. Ces vertus de l'humanité sont ravivées dans chacun des différents cycles; car, à la fin de chaque cycle, la loi divine spirituelle, c'est-à-dire les vertus humaines, disparaît, et seule la forme subsiste.
Ainsi, chez les juifs, à la fin du cycle de Moïse, qui coïncide avec la manifestation chrétienne, la loi de Dieu disparut et une forme sans esprit subsista. Mais le parvis extérieur de Jérusalem, qui équivaut à la forme de la religion, tomba aux mains des gentils. De même, les principes de la religion du Christ, qui sont les vertus sublimes de l'Humanité, ont disparu, et sa forme est restée aux mains des prêtres et du clergé. Les fondements de la religion de Muhammad ont également disparu, mais sa forme reste aux mains des 'ulamá officiels. (56) Ces fondements de la loi de Dieu qui sont spirituels et sont les vertus de l'humanité ne sont pas abrogeables, mais bien immuables et éternels; et ils sont renouvelés dans chaque cycle prophétique.
La seconde partie de la loi de Dieu, qui a trait au monde matériel, et qui comprend le jeûne, la prière, les exercices du culte, le mariage, le divorce, l'abolition de l'esclavage, la poursuite des procès, les transactions, les amendes, les indemnités pour meurtres, violence, vol, blessures, cette partie de la loi de Dieu qui a trait aux choses matérielles, est modifiée et transformée dans chaque cycle prophétique, et peut être abrogée. Car il est certain que les choses politiques, les transactions, les indemnités, etc., doivent être modifiées et transformées suivant les exigences du temps.