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ET LE CARMEL VIT
LA GLOIRE DE YHWH
(Es 35/1-2)
 

Le Báb


La Perse du 19ème siècle agonisait dans les ténèbres de l’ignorance, du fanatisme et de la corruption. Mais dans la nuit du 22 au 23 mai 1844, une lumière éblouissante dissipa cette obscurité spirituelle, un tremblement de terre éventra les sépulcres des dogmes poussiéreux et la Parole de Dieu ramena les morts à la vie. (Coran 36/51, 39/69, 50/41-42, 78/17-20, 79/6-7, 82/1-4)

Cette nuit-là, un jeune marchand persan de Chiraz nommé Mirza Ali Mohammed et surnommé le Báb ( en arabe : "La Porte", 1819-1850 ) annonça qu’il était Al-Mehdi attendu par tous les musulmans au Jour de la Résurrection. Sa parole se répandit comme un feu à travers la Perse et entraîna immédiatement de la part des autorités politiques et ecclésiastiques une persécution d’une cruauté et d’une sauvagerie inouïes. Après des années d’emprisonnement, le Báb fut fusillé à Tabriz le 9 juillet 1850.

En apparence, le feu allumé par le Báb dans le cœur des hommes n’avait produit que des cendres, mais sur cette terre calcinée il sema l’espoir de la venue imminente du "Promis de tous les Âges". Comme Saint Jean-Baptiste, le Báb annonça la venue de la Lumière de Dieu sur terre, et comme lui, il traça les mots de cette bonne nouvelle avec son sang. (Es 40/3-5, Ml 3/1 et 4/5-6, Mt 14/1-12, Jn 1/6-10)

 

Bahá'u'lláh

a ) Son Exil et Son Message :

Parmi les plus éminents disciples du Báb se trouvait Mirza Hosein Ali Nouri ( 1817-1892 ), fils d’un ministre du Chah de Perse, qui fut enchaîné durant plusieurs mois dans la sinistre prison souterraine de Téhéran. C’est dans ce Síyáh-Chál ( Siya-Tchal : "la fosse ou le trou noir" ), vers la fin de l’année 1852, qu’une révélation mystique lui fit prendre conscience de son rôle messianique et adopter le surnom de Bahá’u’lláh, ce qui signifie en arabe "la Gloire, la Splendeur, la Lumière de Dieu".

Voici comment il rapporte lui-même ces événements : "Je n’étais qu’un homme comme les autres, endormi sur ma couche, et voici que les brises du Très-Glorieux ont soufflé sur moi et m’ont donné la connaissance de tout ce qui a été. Cela ne vient pas de moi mais de Celui qui est Tout-Puissant et Omniscient. Et Il m’a ordonné d’élever la voix entre la terre et les cieux; et pour cela, il m’est advenu ce qui a fait couler les larmes de tout homme de discernement... Je ne suis qu’une feuille agitée par les vents de la volonté de ton Seigneur, le Tout-Puissant, le Très-Glorifié... Son irrésistible appel m’a atteint et m’a fait célébrer ses louanges parmi tous les peuples. J’étais vraiment comme un mort lorsque son comman- dement fut énoncé. La main de la volonté de ton Seigneur, le Compatissant, le Miséricordieux, m’a transformé…Par ma vie ! ce n’est pas de ma propre volonté que je me suis révélé moi-même, mais c’est Dieu qui, de son propre choix, m’a manifesté…Chaque fois que je choisissais de rester en paix et d’être silencieux, voilà que la Voix du Saint-Esprit, se tenant sur ma droite, me réveillait. Le Plus-Grand Esprit apparaissait devant mon visage, Gabriel me couvrait de son ombre, et L’Esprit de Gloire s’agitait au fond de moi-même, m’ordonnant de me lever et de rompre mon silence.» ( Dieu passe près de nous, pp. 127-128 )

Considérant son illustre lignage et de ses relations influentes, ses persécuteurs eurent peur de l’exécuter comme ses compagnons, et ils se résignèrent à l’exiler le plus loin possible en espérant sa mort. Voici la carte du trajet de son exil à travers le Moyen-Orient. N’est-il pas étonnant de constater que l’on puisse suivre pas à pas sa destinée à travers certains passages de l’Ancien Testament ?

Ainsi, Esaïe prophétisa que : "Bientôt celui qui est courbé sous les fers sera délivré; il ne mourra pas dans la fosse, et son pain ne lui manquera pas. Je suis l’Eternel, ton Dieu, qui soulève la mer et fais mugir les flots. L’Eternel des Armées est son nom. Je mets mes paroles dans ta bouche, et je te couvre de l’ombre de ma main, pour étendre de nouveaux cieux et fonder une nouvelle terre, et dire à Sion : tu es mon peuple !" (Es 51/14-16)

Et dans son livre, Ezéchiel révèle qu’après avoir quitté le Temple, la "Gloire de Dieu" ( en arabe : Bahá’u’lláh ) y revient en passant par la porte (en arabe : Báb) qui était du côté de l’Orient, pour y résider éternellement (Ez 43/1-7). Ezéchiel raconte que c’est la troisième fois qu’il a cette vision de la "Gloire de Dieu", où il discerne comme une "figure d’homme". (Ez 1/26-28)

Bien que cette prophétie fut faite durant l’exil de Juda à Babylone, il semble difficile de la rapporter uniquement à l’édification matérielle du second Temple, puisque celui-ci fut détruit complètement, alors que la "Gloire de Dieu" doit y résider éternellement parmi les hommes. Ne peut-on y voir plutôt l’annonce symbolique de la venue de l’Esprit de Dieu dans un temple humain, un Prophète, comme le fit Jésus-Christ en se comparant au Temple ou à la Porte par laquelle arrive le salut ? (Jn 2/18-22 et 10/1-9)

Enfin, le Prophète Michée (Mi 7/11-15) annonça encore plus précisément à Israël que : "Le jour où l’on rebâtira tes murs, ce jour-là tes limites seront reculées". Or, dans la seconde moitié du 19ème siècle, les juifs commencèrent à revenir en Palestine pour rebâtir leur pays, et un mouvement missionnaire chrétien d’une ampleur sans précédent propagea la connaissance de la Bible à travers le monde entier. "En ce jour, on viendra vers toi de l’Assyrie et des villes d’Egypte, de l’Egypte jusqu’au fleuve, d’une mer à l’autre, et d’une montagne à l’autre". A la même époque, Bahá’u’lláh fut exilé de Téhéran à Bagdad ( 1853-63 ), où il se retira un temps comme ermite dans les montagnes du Kurdistan ( 1854-56 ). Puis en 1863 il traversa l’antique Assyrie et la Mer Noire jusqu’à Constantinople ( Istanbul ) et Andrinople ( Edirne, 1863-68 ), et enfin en 1868 la Méditerranée jusqu’à l’Egypte et la Palestine, où il fut exilé jusqu’à sa mort à Saint Jean d’Acre ( ‘Akká ou Akko, 1868-92 ), près du Mont Carmel et d’un fleuve côtier.  "Le pays sera dévasté à cause de ses habitants, à cause du fruit de leurs œuvres. Pais ton peuple avec ta houlette, le troupeau de ton héritage, qui habite solitaire dans la forêt au milieu du Carmel ! Qu’ils paissent sur le Basan et en Galaad, comme aux jours d’autrefois. Comme au jour où tu sortis du pays d’Egypte, je te ferai voir des prodiges". Tout comme il s’écoula 40 ans entre la sortie d’Egypte et l’entrée dans la Terre Promise de Canaan, le ministère de Bahá’u’lláh dura 40 années ( 1852-92 ) durant lesquelles il fut le Bon Pasteur du Carmel et révéla des prodiges.

Bahá’u’lláh affirma sans ambiguïté, avec force et constance, qu’il est le "Promis de tous les Âges", attendu par les fidèles de chaque religion pour à la "fin des temps " établir "l’âge d’or" ou le "royaume de Dieu" sur terre : il est le Messie fils de David "Eternel des Armées" pour les juifs, le retour de Jésus-Christ pour les chrétiens et les musulmans, Sháh Bahrám pour les zoroastriens, le 5ème Bouddha Maitreya pour les bouddhistes et le 10ème Avatar de Vishnou pour les hindouistes.

Voici ce qu’il écrit sur ce "Retour" : "O vous, les Juifs !  Si vous voulez crucifier une seconde fois Jésus, l’Esprit de Dieu, mettez-moi tout de suite à mort, car Il s’est, en ma personne, manifesté à vous une seconde fois. Traitez-moi comme il vous plaira, car j’ai fait vœu de sacrifier ma vie dans le chemin de Dieu. Je ne saurais craindre personne, même si toutes les puissances de la terre se liguaient contre moi. Et vous, disciples de l’Évangile, s’il vous plaît de tuer Muhammad, l’Apôtre de Dieu, saisissez-vous de moi et me mettez à mort, car je suis Lui et ma personne est identique à Sa personne. Traitez-moi selon votre bon plaisir, car la plus profonde aspiration de mon cœur est d’accéder à la présence de mon Bien-Aimé, dans Son royaume de gloire. Tel est le divin décret, si vous le voulez savoir. Et vous, disciples de Muhammad, si vous vous sentez le désir de cribler de balle la poitrine de Celui qui vous a fait envoyer Son livre, le Bayán, portez sur moi les mains et me persécutez, car je suis Son Bien-Aimé, la manifestation de Sa propre personne, quoique mon nom ne soit pas Son nom. Je suis venu enveloppé des nuées de la gloire, et Dieu m’a investi d’une invincible souveraineté. Il est, en vérité, l’Omniscient. J’attends vraiment de vous le traitement que vous avez accordé à Celui qui est venu avant moi. De cela toutes choses portent témoignage, si vous êtes de ceux qui écoutent. Et vous, enfin, disciples du Bayán, si vous avez résolu de verser le sang de Celui dont le Báb a proclamé la venue, de qui Muhamad a prophétisé l’avènement après que Jésus-Christ Lui-même en eût annoncé la révélation, me voici devant vous, tout prêt et sans défense. Agissez envers moi selon votre bon plaisir." ( Extraits des Ecrits de Bahà'u'llàh, pp. 67-68 )

Ces explications éclairent d’un jour nouveau les apparentes contradictions entre les paroles de Saint Jean-Baptiste et celles de Jésus-Christ à propos de l’identité du premier : bien que Jean répondit aux juifs qu’il n’était pas physiquement Elie, mais "la voix de celui qui crie dans le désert" (Jn 1/19-23), Jésus-Christ affirma qu’il était bien spirituellement l’Elie qui doit venir avant le Messie, car Jean-Baptiste manifestait l’esprit, la puissance et les qualités d’Elie. (Mt 11/13-14 et 17/10-13)

Si vous exigiez de Bahá’u’lláh des miracles comme preuves d’une telle prétention, quel sens cela pourrait-il avoir quand les évangiles révèlent que même les faux prophètes peuvent en faire ( 2° Th 2/9 et Mt 24/24) et que Jésus réprimanda l'apôtre Thomas pour n’avoir pas cru sans avoir vu ? (Jn 20/26-29) Comparant symboliquement les Prophètes aux arbres, Jésus-Christ conseilla d’examiner leurs fruits pour distinguer les bons des mauvais (Mt 7/15-20) : que fit donc Bahá’u’lláh, quels fruits donna cet "Arbre de Vie " (Ap 22/1-2) et quelles tempêtes dut-il affronter ?

Sacrifiant ses biens et sa liberté, endurant avec patience les maux du corps causés par les mauvaises conditions de détention et une tentative d’empoisonnement, et les maux du cœur infligés par la haine et la trahison de son entourage, Bahá’u’lláh répandit à travers le Moyen-Orient son message de paix, d’amour et de justice (Es 9/5-7 et 11/1-12, Jn 16/12-15). L’aura qui émanait de sa personne et la douceur de ses paroles étaient telles qu’il entrait dans chaque ville comme une bête enchaînée en proie à l’animosité de tous et en repartait comme un souverain régnant sur les cœurs de ses anciens ennemis.

Ce n’est qu’en 1863, à Bagdad, que Bahá’u’lláh révéla à son entourage la réalité de sa Mission divine reçue 10 ans plutôt dans la prison souterraine de Téhéran, et il attendit jusqu’en 1867, lors de son exil à Andrinople, pour l’annoncer au monde entier par une succession de lettres et d’épîtres adressées aux chefs politiques et religieux des grandes puissances de l’époque.

Bahá’u’lláh estime lui-même que l’ensemble de ses Ecrits occupe une centaine de volumes, dont le cœur est constitué par les épîtres appelées Kitáb-i-Íqán ( le Livre de la Certitude, 1862 ) et Kitáb-i-Aqdas ( le Livre le Plus Saint, 1873 ), ainsi que par les Tablettes révélées après ce dernier. L’essence de son message est que la cause et le but ultime de tout ce qui existe dans l’univers sont la Parole et l’Amour de Dieu, qui est et restera à jamais au-delà de toute compréhension, description ou louange humaines, et qui Se manifeste à travers Ses Envoyés afin de devenir visible, audible et compréhensible pour les hommes. (Jn 14/7-10)

Il écrit ainsi : "Pour tout cœur éclairé, il est évident que Dieu, l’Essence inconnaissable, l’Être divin, est immensément exalté au-dessus de tout attribut humain, tel qu’existence corporelle et faculté de monter et de descendre, d’entrer et de sortir. Il serait tout à fait incompatible avec Sa gloire que le langage des hommes pût adéquatement célébrer Sa louange, ou que le cœur humain fut capable de pénétrer Son insondable mystère. Il est et a toujours été voilé dans l’éternité de Son Essence, et Il restera éternellement caché aux yeux des hommes. Nul regard ne peut Le saisir, mais Lui saisit tout ; Il est le Subtil, Celui qui perçoit tout. La porte de toute connaissance de l’Ancien des jours se trouvant ainsi fermée à la face de tous les êtres, fidèle à la promesse qu’Il a donnée par ces paroles : “Sa grâce a surpassé toutes choses, ma grâce les a toutes embrassées”, Celui qui est la Source de grâce infinie a fait surgir du royaume de l’esprit, sous la forme du temple humain, ces gemmes lumineuses de sainteté, et Il les a manifestées aux hommes, pour qu’elles puissent communiquer au monde les mystères de l’Être immuable et lui expliquer les subtilités de Son impérissable Essence. Ces purs miroirs, ces aurores de l’ancienne gloire sont, tous sans exception, les représentants sur la terre de Celui qui est l’Orbe central de l’univers, qui en représente l’Essence et la Fin dernière. De Lui procèdent leur science et leur puissance ; de Lui procède leur souveraineté. La beauté de leur visage n’est qu’un reflet de Son image, et leur révélation n’est qu’un signe de Sa gloire immortelle. Ils sont les dépositaires de la science divine et de la céleste sagesse. Par eux est transmise une grâce infinie et révélée une lumière qui ne saurait faiblir." ( Extraits des Ecrits de Bahà'u'llàh, pp. 32-33 )

Bahá’u’lláh compare cette suite ininterrompue de prophètes à des médecins parfaitement sages et compétents qui prescrivent les remèdes les mieux adaptés aux divers stades de croissance de l’humanité : « Contemple de ton œil interne la chaîne des Manifestations successives qui relie la manifestation d’Adam à celle du Báb. J’atteste devant Dieu que toutes furent envoyées par l’opération de la volonté divine, que chacune d’elles a apporté un message spécifique et a reçu un livre spécial de révélation divine, avec mission de dévoiler les mystères d’une puissante tablette. La mesure de la révélation à laquelle chacune d’elle s’est identifiée avait été préordonnée de manière précise. Et cela est un gage de notre faveur envers elles, si vous êtes de ceux qui peuvent comprendre cette vérité (…) Les prophètes de Dieu doivent être considérés comme des médecins dont la tâche est d’accroître le bien-être du monde et de ses peuples, afin de guérir, par l’esprit d’unité, la maladie d’une humanité divisée. Personne n’a le droit de mettre en doute leurs paroles ni de discuter leur conduite, car ils sont les seuls qui puissent prétendre avoir compris le malade et diagnostiqué exactement son cas. Il n’est point d’homme, si intelligent soit-il, à qui il soit permis d’atteindre les sommets où s’est élevée la sagesse du Médecin divin. Rien d’étonnant en conséquence, si ce Médecin prescrit aujourd’hui un remède différent de celui qu’il a ordonné autrefois. Comment en pourrait-il être autrement, alors que la maladie exige pour chacune des ses phases un traitement particulier ? De même, toutes les fois que les prophètes de Dieu ont illuminé le monde de l’éclat resplendissant de l’Étoile du Matin de la science divine, c’est invariablement par les moyens les plus convenables à l’âge où ils apparaissent qu’ils ont appelé les peuples à embrasser la Lumière de Dieu. Ils ont pu de la sorte dissiper les ténèbres de l’ignorance et répandre sur le monde la gloire de leur science. Et comme, d’autre part, leur seul et unique objet a toujours été, dans toutes les dispensations, de guider les égarés et d’apporter la paix aux affligés, c’est vers leur intime essence que tout homme doué de discernement doit d’abord tourner ses regards. » (Extraits des Ecrits de Bahà'u'llàh, pp. 50-51, 54)

b ) Un Nouveau Monde :

L’évolution est à la base de l’univers : tout ce qui existe apparaît, se développe jusqu’à sa maturité, puis dépérit pour finalement disparaître en donnant naissance à quelque chose que l’on espère meilleur et supérieur. Ainsi en est-il des sociétés humaines que l’on peut comparer à un œuf : tout comme l’œuf fécondé par les informations génétiques se détruit pour donner naissance au poussin qui lui est supérieur, l’ancienne société décadente « fécondée » par la Parole divine ( lôgos dans le texte grec de la Bible Septante ) se transforme en une autre société plus parfaite et plus développée. Grâce au Verbe divin transmis par Moïse, un troupeau d’esclaves devint un peuple célèbre au temps de Salomon pour sa puissance et ses qualités ; par la parole de Dieu que révéla Jésus-Christ, l’empire romain décadent donna naissance à la civilisation chrétienne occidentale qui explora l’univers de l’atome aux étoiles ; et sous l’influence du Message Divin annoncé par Muhammad, les sauvages tribus d’Arabie acquirent une culture éblouissante qui fut le flambeau de l’humanité durant des siècles.

Les religions nous apparaissent diverses car elles aussi sont soumises à la loi de l’évolution et sont constituées de deux parties : l’une est intangible, éternelle, et rappelle les qualités spirituelles nécessaires à l’homme (Mt 5/17-19) ; l’autre traite des lois sociales indispensables au bon fonctionnement de la société et doit se modifier pour s’adapter au temps, au lieu et à l’évolution des peuples (Mt 9/16-17). Il est clair que la Parole divine transmise par chaque Prophète en son temps fut une source de vie, de paix et de savoir pour l’humanité de l’époque (Jn 1/1-4 et 6/22-58). Grâce à elle, les hommes s’éduquèrent et réalisèrent successivement l’unité des familles, des tribus, des royaumes et des nations, tant matériellement que spirituellement.

L’Humanité est actuellement au seuil d’une civilisation mondiale et il est devenu évident que les anciennes recettes ne réussiront pas à résoudre ses problèmes actuels. Aura-t-elle besoin d’une religion nouvelle ou « rénovée » pour réaliser son unité à l’échelle de la planète ? A cette question répondirent affirmativement le Báb et Bahá’u’lláh, qui donna dans le Kitáb-i-Aqdas et les Tablettes complémentaires révélées postérieurement des recommandations et des lois nouvelles pour que l’Humanité guérisse de ses maux et atteigne sa maturité dans l’amour, la paix, l’unité et la justice. Tout comme une graine minuscule contient en puissance l’arbre le plus parfait avec toutes ses branches, ses feuilles, ses fleurs et ses fruits, ce « plan divin » fera naître peu à peu une nouvelle société d’une inconcevable grandeur, accomplissant ainsi les prophéties de l’Ancien et du Nouveau Testaments…(Es 11/1-12, Mc 4/26-32, Ap 21 et 22)

A propos de ces grands bouleversements historiques, Bahá’u’lláh écrivit : « L’équilibre du monde a été bouleversé par la vibrante influence de ce très grand, de ce nouvel ordre mondial. La vie ordonnée de l’humanité a été révolutionnée par l’action de cet unique et merveilleux système, dont les yeux des mortels n’ont jamais vu l’équivalent. » (Kitáb-i-Aqdas verset 181) « Le monde est en travail, son agitation croît de jour en jour. Il est tourné vers l’incroyance et la perversité. Mais tel sera son sort, que Nous ne jugeons ni à propos, ni convenable de le dévoiler maintenant. Il s’obstinera longtemps encore dans sa perversité, et quand l’heure fixée sera venue, soudainement, apparaîtra ce qui fera trembler les membres de l’humanité. Alors, et alors seulement, sera déployé le divin étendard ; alors, et alors seulement, le Rossignol des cieux fera entendre sa pure mélodie.(…) Sache que l’essence de justice et la source d’où elle dérive s’incarnent dans les préceptes prescrits par Celui qui est la manifestation de Dieu Lui-même parmi les hommes, si vous êtes de ceux qui reconnaissent cette vérité. Il personnifie vraiment pour toute la création, le modèle par excellence de la justice. Même si sa loi devait semer l’épouvante dans le cœur de tous ceux qui sont au ciel et sur la terre, cette loi ne serait encore que justice manifeste. Les troubles et les terreurs que la révélation de cette loi peut jeter dans les cœurs sont comparables aux cris d’effroi du bébé privé du sein de sa mère, si vous êtes de ceux qui comprennent. Si les hommes pouvaient pénétrer l’intention profonde de la révélation divine, ils rejetteraient toutes craintes, et leurs cœurs se rempliraient même d’allégresse et de gratitude. » (Extraits des Ecrits de Bahá'u'lláh p.79 et 115)

Le message de Bahá’u’lláh fut considéré à l’époque comme les rêveries fantaisistes d’un utopiste, mais l’évolution historique et sociale des 150 dernières années en démontra pleinement la valeur et l’exactitude. De "nouveaux cieux" et une "nouvelle terre" apparurent vraiment à partir de 1844, car les connaissances de l’humanité évoluèrent plus au cours de cette période que dans les millénaires précédents. Tout se passa comme si une éruption de sève spirituelle avait subitement fait éclore une floraison de nouvelles connaissances et apporté une moisson de progrès scientifiques, techniques et culturels. La découverte et l’application des forces cachées de la nature dans les domaines de l’énergie, du transport, des commu- nications, de l’industrie et de la médecine transformèrent l’homme en démiurge et son monde en un "village planétaire". Les conflits sociaux et militaires successifs, qui ébranlèrent les autorités traditionnelles et disloquèrent les anciens empires, suscitèrent la reconnaissance universelle des "Droits de l’Homme" et la prise de conscience d’une mondialisation inexorable dans tous les domaines de l’activité humaine. Les hommes revendiquent et conquièrent pas à pas le droit aux soins et à l’éducation pour tous, la protection des enfants et des travailleurs, la libération de la femme et l’abolition de l’esclavage, et enfin le droit de vote dans un système politique démocratique assurant la liberté de conscience et d’expression. Ils abandonnent progressivement les préjugés ancestraux et instaurent des organisations supranationales ( SDN, ONU, UE ) pour tenter d’assurer la paix grâce à une coopération et à un dialogue intercommunautaires.

Tout cela avait été annoncé et décrit bien avant l’heure par Bahá’u’lláh, dont le Message pourrait se résumer par l’expression "Unité dans la Diversité" : "Le Grand Être dit : Ô bien-aimés ! Le tabernacle de l’unité est dressé ; ne vous considérez pas comme des étrangers. Vous êtes les fruits d’un seul arbre, les feuilles d’une seule branche (…) Le Grand Être, désireux de révéler les conditions nécessaires à la paix et à la tranquillité du monde ainsi qu’au progrès de ses peuples, a écrit : Le temps doit venir où la nécessité impérieuse d’une vaste assemblée qui embrasse tous les hommes sera universellement reconnue. Les rois et les dirigeants de la terre devront impérativement y assister et, en prenant part à ses délibérations, ils devront considérer les voies et les moyens de poser les fondements de la grande paix du monde parmi les hommes. Une telle paix nécessitera de la part des grandes puissances la résolution de se réconcilier complètement, au nom de la tranquillité des peuples de la terre. Et si un roi prend les armes contre un autre, tous conjointement devraient se lever et l’en empêcher. Si cela se faisait, les nations du monde n’auraient plus besoin d’autres armements que ceux qui sont nécessaires pour préserver la sécurité de leurs royaumes et maintenir l’ordre intérieur sur leurs territoires. Ceci assurera la paix et la quiétude de tout peuple, gouverne- ment et nation. Nous caressons l’espoir que les rois et les dirigeants de la terre, miroirs du gracieux et tout-puissant nom de Dieu, parviennent à ce rang et protègent l’humanité des assauts de la tyrannie (…) Le jour approche où tous les peuples du monde auront adopté une seule langue universelle et un seul alphabet commun. Lorsque cela sera réalisé, quelle que soit la ville où un homme se rendra, ce sera comme s’il pénétrait dans sa propre demeure. Ces choses sont obligatoires et absolument essentielles. Il incombe à chaque homme d’intuition et de compréhension de s’efforcer de traduire en réalité et en actes ce qui est écrit (…) Est en fait un homme celui qui, aujourd’hui, se consacre au service de la race humaine toute entière. Le Grand Être dit : Béni et heureux l’homme qui se lève pour promouvoir les meilleurs intérêts des peuples et des familles de la terre. Dans un autre passage, Il a proclamé : Il n’appartient pas à celui qui aime sa patrie de s’enorgueillir, mais plutôt à celui qui aime le monde entier. La terre n’est qu’un seul pays et tous les hommes en sont les citoyens." ( Tablettes de Bahá'u'lláh, pp. 172-176 )

c ) Saint-Jean d'Acre et le Carmel :

Bahá’u’lláh arriva à Saint Jean d’Acre (‘Akká) le 31 août 1868 et fut sévèrement incarcéré dans la caserne de cette ville jusqu’au 23 juin 1870. Il fut alors autorisé à en sortir pour vivre en résidence surveillée dans la ville-même, et finalement, à partir de septembre 1879, en dehors de la ville dans le manoir de Bahjí. Bahá’u’lláh visita pour la première fois Haïfa en août 1883, puis il y revint au printemps 1890 et en été 1891.

C’est durant cette dernière période qu’il planta sa tente sur le Mont Carmel, comme point d’orgue à une longue et ancienne tradition, et indiqua lui-même le lieu où sera élevé le Mausolée du Báb. Un jour de l’été 1891, il gravit le promontoire du Carmel et dressa sa tente à quelques centaines de mètres à l’est du monastère des carmes qu’il visita, ainsi sans doute que la caverne d’Elie. C’est à l’emplacement de ce campement qu’il révéla la "Tablette du Carmel" (Lawh-i-Karmil), et que juste à l’est de celui-ci sera construit le futur Temple ( Mashriqu’l-Adhkár ) du Centre Mondial Bahá’í.

Bahá’u’lláh s’éteignit le 29 mai 1892 au manoir de Bahjí, où il est inhumé. Son testament, ouvert et lu 9 jours plus tard devant témoins, désigna son fils aîné Abbás Effendi, surnommé ‘Abdu’l-Bahá ( "Serviteur de Bahá", 1844-1921) comme successeur et unique interprète autorisé de ses Ecrits.
 

'Abdu'l-Bahá 'Abbás


Après des années d’efforts et de tourments, ce dernier fit élever à l’endroit indiqué par son Père le mausolée destiné à accueillir les saintes reliques du Báb, qui avaient été recueillies subrepticement la nuit-même de son exécution et cachées successivement en différents lieux jusqu’en 1898. Elles furent transférées en Terre Sainte le 31 janvier 1899 et furent finalement déposées dans le sarcophage de marbre du mausolée le 21 mars 1909. Le mausolée du Báb devint alors "un foyer d’illumination et de pouvoirs divins,…sur ce Vignoble de Dieu (Carmel) considéré comme sacré depuis des temps immémoriaux, flanqué à l’ouest par la Caverne d’Elie, à l’est par les montagnes de Galilée (que parcourut le Christ), …et face à la cité de Saint Jean d’Acre au-delà de laquelle se trouve le Tombeau le plus sacré, le Cœur, la Qiblih du monde bahá’í." ( Dieu passe près de nous, pp. 346)

La révolution des Jeunes Turcs libéra ‘Abdu’l-Bahá de sa prison en 1908 et lui permit de voyager à travers l’Europe et l’Amérique du Nord de 1911 à 1913 pour répandre le Message de son Père. Il revint en Terre Sainte à la veille de la première Guerre Mondiale, durant laquelle ses conseils avisés et son action énergique sauvèrent de la famine les habitants de la région. Il en fut remercié par les autorités britanniques, qui lui conférèrent le titre de Chevalier ( Sir ‘Abdu’l-Bahá ‘Abbás, K.B.E. ) le 27 avril 1920.

Le 14 février 1914, ‘Abdu’l-Bahá fit à Haïfa une prophétie concernant les deux villes jumelles de Saint Jean d’Acre ( ‘Akká ) et de Haïfa : "Plus tard, l’immense étendue qui sépare ‘Akká de Haïfa sera recouverte de bâtiments, les deux cités se rejoindront, se serrant les mains, formant les deux extrémités d’une puissante métropole. En regardant maintenant ce paysage, je vois clairement qu’il deviendra l’un des premiers centres commerciaux du monde. Cette grande baie semi-circulaire sera transformée en une rade splendide où les vaisseaux de tous pays viendront chercher abri et refuge. De grands navires venant de partout aborderont dans ce port, leurs ponts chargés de milliers et de milliers d’hommes et de femmes de toutes les parties du globe. La montagne et la plaine seront dotées de palais et d’édifices des plus modernes. Des industries s’y développeront et plusieurs institutions à caractère philanthropique y seront fondées. Les fleurs des diverses civilisations et des cultures de toutes les nations seront implantées ici pour y mêler leurs parfums et illuminer la voie de la fraternité humaine. Des vergers, des jardins, des bosquets et des parcs merveilleux seront aménagés partout. Pendant la nuit, la grande ville sera entièrement illuminée à l’électricité. Le port d’Akká à Haïfa formera une traînée lumineuse. Des phares puissants placés des deux côtés du Mont Carmel guideront les navires dans la rade. Le Mont Carmel lui-même sera submergé de haut en bas par un océan de lumière. Du sommet du Mont Carmel et des ponts des paquebots qui s’en approcheront, on assistera au plus sublime et au plus majestueux spectacle du monde. Des hauteurs de la montagne, la symphonie de louanges "Yá Bahá’u’l-Abhá" résonnera ; et dès avant l’aurore, une musique pénétrant l’âme, accompagnée de voix mélodieuses, montera vers le trône du Tout-Puissant. En vérité, les voies de Dieu sont mystérieuses et impénétrables. Quelle relation apparente existe-t-il entre Shíráz et Téhéran, Bagdad et Constantinople, Andrinople, ‘Akká et Haïfa ? Dieu a travaillé patiemment, pas à pas, à travers ces diverses villes, selon son propre plan, précis et éternel, afin que s’accomplissent les prophéties et les prédictions des prophètes. Le fil d’or des promesses réservées au millenium messianique se déroule à travers toute la Bible, et il était écrit que Dieu le fît paraître à son heure. Pas un seul mot ne restera privé de sens ni d’accomplissement. » ( Bahà'u'llàh et l'ère nouvelle, pp. 259-260 )

‘Abdu’l-Bahá s’éteignit à Haïfa le 28 novembre 1921 et fut inhumé dans une des pièces du mausolée du Báb. Avec lui s’achevait "l’âge héroïque ou apostolique" de la Foi Bahá’íe et commençait celui de "l’âge de formation ou de transition" avec son petit-fils Shoghi Effendi Rabbání ( 1897-1957 ), qu’il désigna dans son testament comme le "Gardien de la Cause de Dieu" et unique interprète de ses Ecrits et de ceux de Bahá’u’lláh.

 

Shoghí Effendí Rabbání


Celui-ci poursuivit l’œuvre entreprise par ses aïeux en affermissant et développant la Foi Bahá’íe à travers le monde, aidé par d’éminents collaborateurs appelés les "Mains de la Cause de Dieu". Il travailla aussi à concrétiser la vision d’Abdu’l-Bahá en débutant de gigantesques travaux d’aménagement du Mont Carmel, en particulier l’embellissement du mausolée du Báb et des jardins alentours, accomplissant ainsi les prophéties d’Esaïe :
"Je ferai jaillir des fleuves sur les collines, et des sources au milieu des vallées ; je changerai le désert en étang, et la terre aride en courants d’eau ; je mettrai dans le désert le cèdre, l’acacia, le myrte et l’olivier ; je mettrai dans les lieux stériles le cyprès, l’orme et le buis, tous ensemble ; afin qu’ils voient, qu’ils sachent, qu’ils observent et considèrent que la main de l’Eternel a fait ces choses, que le Saint d’Israël en est l’auteur. " (Es 41/18-20)
"Lève-toi, sois éclairée, car ta lumière arrive, et la gloire de l’Eternel se lève sur toi. Voici, les ténèbres couvrent la terre, et l’obscurité les peuples ; mais sur toi l’Eternel se lève, sur toi sa gloire apparaît. Des nations marchent à ta lumière, et des rois à la clarté de tes rayons. La gloire du Liban viendra sur toi, le cyprès, l’orme et le buis, tous ensemble, pour orner le lieu de mon sanctuaire, et je glorifierai la place où repose mes pieds." (Es 60/1-3, 13)

Shoghi Effendi s’éteignit à Londres le 4 novembre 1957 et est enterré dans le cimetière londonien de New Southgate. Depuis sa mort, plus personne ne détient l’autorité d’interprétation des Ecrits bahá’ís et la direction de la Communauté est devenue collégiale, temporairement d’abord avec les "Mains de la Cause de Dieu", puis définitivement en 1963 après la première élection des neuf membres composant la "Maison Universelle de Justice".

La Maison Universelle de Justice


Cette institution fut décrétée par Bahá’u’lláh dans le Kitáb-i-Aqdas pour guider la Communauté et légiférer sur les points où les Ecrits sont restés silencieux. Cette instauration de la Maison Universelle de Justice sur le mont Carmel coïncida avec le centenaire de la révélation que fit Bahá’u’lláh de sa mission à Bagdad, en 1863, et réveilla les échos lointains des paroles d’Esaïe :

"Il arrivera, dans la suite des temps, que la montagne de la maison de l’Eternel sera fondée sur le sommet des montagnes, qu’elle s’élèvera par-dessus les collines,et que toutes les nations y afflueront." (Es 2/2)
"Je rétablirai tes juges tels qu’ils étaient autrefois, et tes conseillers tels qu’ils étaient au commencement. Après cela, on t’appellera ville de la justice, Cité fidèle". (Es 1/26)
"Le palais est abandonné, la ville bruyante est délaissée ; la colline et la tour serviront à jamais de cavernes ; les ânes sauvages y joueront, les troupeaux y paîtront, jusqu’à ce que l’Esprit soit répandu d’en haut sur nous, et que le désert se change en verger, et que le verger soit considéré comme une forêt. Alors la droiture habitera dans le désert, et la justice aura sa demeure dans le verger ( Carmel ). L’œuvre de la justice sera la paix, et le fruit de la justice le repos et la sécurité pour toujours." (Es 32/14-17)

Dès lors, les travaux sur le Mont Carmel n’ont pas cessé pour que le grandiose projet architectural et spirituel du Centre Mondial Bahá’í soit mené à son terme en l’an 2000, année symboliquement chargée de terreur et d’espoir. Marquera-t-elle réellement la "Fin du Monde" ou, plutôt, la fin d’un ancien monde, d’une époque révolue ? L’humanité se brûlera-t-elle les ailes au feu de ses passions, comme un papillon affolé par la lampe, ou s’envolera-t-elle vers son apogée, attirée par l’aube d’une ère nouvelle se levant sur le Mont Carmel ? L’histoire ne fait que commencer…


Lawh-i-Karmil (Tablette du Carmel)
révélée par
Bahá’u’lláh sur le Mont Carmel durant l'été 1891
comme un discours entre le Mont Carmel et Dieu


Toute gloire soit à ce jour, jour où les fragrances de la miséricorde ont été répandues sur toutes choses créées, jour tant béni que les âges et les siècles passés ne pourront jamais espérer égaler, jour où la face de l'Ancien des jours s'est tournée vers son siège sacré. Alors, on entendit les voix de toutes les créatures et, au-delà, celles du concours céleste proclamer : "Hâte-toi, ô Carmel, car voici que la lumière de la face de Dieu, le Souverain du royaume des noms et le Façonneur des cieux, s'est levée sur toi."

Saisi de transports de joie et élevant haut la voix, il s'exclama : "Puisse ma vie t'être offerte en sacrifice puisque tu as fixé ton regard sur moi, tu m'as comblé de ta bonté et tu as dirigé tes pas vers moi. Ma séparation d'avec toi, ô toi, Source de vie éternelle, m'a presque consumé, et mon éloignement de ta présence a réduit mon âme en cendres. Loué sois-tu pour m'avoir permis d'entendre ton appel, pour m'avoir honoré de tes pas et pour avoir ranimé mon âme par la fragrance vivifiante de ton jour et la voix stridente de ta Plume, voix que tu décrétas être le vibrant appel de ta trompette parmi ton peuple. Et lorsque sonna l'heure qui devait rendre ton irrésistible foi manifeste, tu insufflas à ta Plume un souffle de ton Esprit, et ainsi la création tout entière fut ébranlée jusque dans ses fondements mêmes, dévoilant à l'humanité des mystères recelés dans les trésors de celui qui possède toutes les choses créées."


Aussitôt que sa voix eut atteint le lieu le plus exalté, nous répondîmes : "Rends grâce à ton Seigneur, ô Carmel. Le feu de ta séparation d'avec moi te consumait rapidement lorsque l'océan de ma présence surgit devant ton visage, encourageant tes yeux et ceux de toute la création, remplissant d'allégresse toutes choses visibles et invisibles. Réjouis-toi, car Dieu en ce jour a établi son trône sur toi, a fait de toi l'aurore de ses signes et la source des témoignages de sa révélation. Heureux celui qui gravite autour de toi, qui proclame la révélation de ta gloire et relate combien la bonté du Seigneur ton Dieu t'a comblé. Saisis le calice de l'immortalité au nom de ton Seigneur, le Très-Glorieux, et rends-Lui grâce, puisqu'Il a, en gage de sa miséricorde à ton égard, transformé ta peine en allégresse, ton chagrin en joie sereine. En vérité, Il chérit ce lieu qui est devenu le siège de son trône, que ses pas ont marqué, qui a été honoré de sa présence, d'où Il éleva son appel et sur lequel Il répandit ses larmes."


Appelle Sion, ô Carmel, et annonce la joyeuse nouvelle : "Celui qui était caché aux yeux des mortels est venu ! Sa souveraineté conquérante est manifeste; son universelle splendeur est révélée. Oh, combien j'ai hâte d'annoncer en chaque lieu de la terre et d'apporter à chacune de ses villes la bonne nouvelle de sa révélation - révélation qui a attiré le coeur du Sinaï et au nom de laquelle le Buisson ardent proclame: "C'est à Dieu, le Seigneur des seigneurs, qu'appartiennent les royaumes des cieux et de la terre." Prends garde d'hésiter ou de t'arrêter. Hâte-toi et fais le tour de la cité de Dieu qui est descendue du ciel, la céleste Kaaba, qu'ont entourée en adoration les élus de Dieu, les coeurs purs et l'assemblée des anges les plus exaltés. En vérité, voici le jour où la terre et la mer se réjouissent de cette annonce, le jour pour lequel ont été accumulées ces choses que Dieu, dans sa bonté inconcevable à l'esprit ou au coeur du mortel, a réservées pour être révélées. Bientôt Dieu conduira son arche vers toi et rendra manifeste le peuple de Bahá, mentionné dans le Livre des Noms."


Sanctifié soit le Seigneur de toute l'humanité; tous les atomes de la terre ont été façonnés pour vibrer à la mention de son nom, et la Langue de grandeur s'est animée pour révéler ce qui avait été enfoui dans sa connaissance et dissimulé dans le trésor de sa puissance. Par la force de son nom, le Tout-Puissant, le Très-Haut, Il est, en vérité, le Souverain de tout ce qui existe dans les cieux et sur la terre.


La Genèse / YHWH est mon Dieu / L'ascension du Carmel sur les ailes de l'Esprit.
 

 / CARMEL / E.COFFINET